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De la coopération au management coopératif

La coopération est une prédisposition naturelle qui dépend uniquement de la bonne volonté de chacun. On donne aux autres parce que c'est une façon d'échanger et donc d'exister dans l'entreprise.

 

Et parce que nous sommes avant tout des êtres sociaux, nous retirons de la satisfaction à interagir efficacement avec notre environnement, avec audodétermination et en connexion avec les autres.

 

Cela n'a rien à voir avec l'altruisme et la générosité, mais bien davantage avec la nécessité personnelle, identitaire, de nourrir 3 besoins fondamentaux : la reconnaissance, la stimulation et la structure.

 

La particularité de la nature humaine fait que si nous ne pouvons satisfaire ces besoins de manière positive, du fait des configurations de l'environnement, nous mobiliserons de l'énergie à les nourrir à partir de procédés négatifs.

 

De là, émerge une somme d'états et de situations qui conduisent au mal-être et au désengagement (risques psycho-sociaux, absentéisme, conflits, sous performance individuelle et collective...), ceux-ci ayant un coût humain et économique majeur pour l'entreprise.

 

Bref, mobiliser cette prédisposition naturelle qu'est la coopération suppose de savoir créer les conditions pour qu'elle s'exprime dans le collectif et qu'elle crée de l'engagement et de la productivité.

 

Mais quelles sont ces conditions ?

 

L'échec relatif du management participatif (groupes de résolution de problème, cercles de qualité), suivi du management par le stress, met en évidence 4 phénomènes contre-productifs dans l'entreprise :

  1. le calcul : tout prévoir, tout anticiper, tout rationaliser, empêche de libérer l'audace et freine l'innovation individuelle et collective
  2. le cloisonnement : l'organisation par métier et par domaine d'expertise limite la collaboration, renforce les luttes de pouvoir et freine la complémentarité
  3. la conformité : le respect strict des règles pour éviter les erreurs limite la réactivité et ne fonctionne pas dans un monde en changement permanent
  4. le contrôle : la délégation suppose du contrôle pour veiller au respect des règles, or le contrôle prend du temps, infantilise et fragilise la relation à l'autre.

Ce bilan signe le retour des théories humanistes dans l'entreprise, et laisse la place aux principes du management coopératif, tels qu'énoncés par Jérôme DELACROIX (Coopératique, 2006). Ces principes sont les suivants :

 

- la libre circulation de l'information,

- l'adoption de comportements basés sur la confiance et l'entraide

- la conjonction recherchée de l'intérêt individuel et de l'intérêt collectif

- la mise en oeuvre de moyens humains, technologiques et organisationnels.

 

Cela suppose quelques règles du jeu, à savoir :

 

- accepter de renoncer à son pouvoir pour établir des relations égalitaires

- responsabiliser les acteurs en leur donnant de l'autonomie de décision

- générer de l'abondance en ce qui concerne les informations de toute sorte

- évaluer les résultats de façon globale, décentralisée et régulatrice

- favoriser une reconnaissance communautaire, issue du collectif

- gérer les tensions  au quotidien comme source de progrès et de créativité

- avoir des outils performants qui permettent réactivité et collaboration

- définir des rôles pour chacun en relation avec le client et les fournisseurs

- donner une vision d'un futur commun et entretenir l'histoire du groupe

- rester ouvert vers l'extérieur pour garder souplesse et perméabilité

- identifier les collaborateurs à potentiel incarnant la coopération, l'ouverture et le respect de l'autre, pouvant travailler dans la transversalité, impulser une dynamique de réseau et favoriser l'intelligence collective.

 

La liste est longue et pourrait être largement complétée pour illustrer cette approche du management coopératif. Pour l'essentiel, s'il est question d'organiser le travail pour le rendre coopératif, il est à noter également qu'ici le manager devient un facilitateur du vivre ensemble au travail, permettant à chacun de réaliser son potentiel, en résonance avec le projet collectif.

 

 

Pour approfondir :

 

Norbet ALTER : Donner et prendre. La coopération en entreprise.

Jean-Michel CORNU : La coopération, nouvelles approches.

Stéphane JACQUET : Du management participatif...au management coopératif : coopérer pour construire et donner du sens au management.

Céline MATHIEU : Les 4 piliers du management collaboratif.

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Commentaires: 1
  • #1

    ikram machmouchi (vendredi, 09 juillet 2021 22:10)

    envoie pour lecture